L'Inde, documentation, histoire contemporaine, Les castes, l' Hindouisme, le Cachemire, le Rajasthan. Voyages au Rajasthan de Daniel Ginibriere, rêve, évasion, légendes, aventure, photos du Rajasthan

Chapitre deux
La liberté et après

A la fin de la seconde guerre mondiale, Clement Attle, premier ministre travailliste Anglais, succède au conservateur Churchill et décide de négocier le retrait de son pays des Indes car il craint d'en être chassé par la force.
Pour le roi ce serait un désastre si l'Inde indépendante ne prenait pas sa place dans le commonwealth. Mais le premier ministre ne partageait nullement cette ambition.
Le roi Georges VI n'avait aucun moyen d'imposer ses vues mais son cousin, Lord Louis Mountbatten, jeune amiral, lui aussi arrière petit fils de la reine Victoria, allait le pouvoir.
S'étant fait remarqué depuis le début de la guerre mondiale, c'est à l'automne 1943, alors qu'il venait d'avoir quarante trois ans, que Winston Churchill l'avait nommé commandant suprême interallié sur le théâtre d'opérations du Sud-Est asiatique. A présent auréolé de gloire, à quarante-six ans, venant d'être nommé vice roi des Indes, il s'apprête à assumer la tâche la plus délicate de sa carrière, négocier et mettre en oeuvre l'indépendance de cet immense pays.
Confortablement installés devant la cheminée du petit salon de Buckingham, les deux arrières petits fils de Victoria prirent ce jour de janvier une décision secrète : garder haut, grâce au Commonwealth, le flambeau de l'empire.
L'Angleterre était le gendarme des populations, son départ risquait de déclencher une explosion de violence.
Les musulmans réclamaient la création d'un état pour eux, car proclame leur leader Jinnah :
- On ne peut plus cohabiter avec les Hindous, leur culte de la vache sacrée est infantile, le système des castes aberrant.
Ce qui séparait les Musulmans des Hindous n'était pas seulement d'ordre métaphysique, mais aussi social, la grande barrière était le système des castes utilisé par les classes dominantes pour maintenir en esclavage des populations aborigènes. La majorité des nouveaux convertis à l'islam étaient logiquement les parias de l'hindouisme, les intouchables. Lors de l'écroulement de l'empire moghol islamique au début du XVIII ème siècle, une renaissance hindoue se produisit entraînant une vague de conflits sanglants entre Hindous et Musulmans. La présence anglaise apporta un apaisement mais la méfiance réciproque demeurait.
Les Musulmans et les Hindous habitent des quartiers distincts, ne puisent pas leur eau dans les mêmes puits. A ces distinctions sociales et religieuses s'ajoute l'inégalité économique. Les Hindous furent les plus prompts à se saisir des avantages de l'évolution impulsée par les britanniques, ils devinrent les hommes d'affaires et les administrateurs du pays.
L'idée de créer un Etat indépendant pour les musulmans a été formulé pour la première fois en Janvier 1933, un nom avait même été proposé : Pakistan qui veut dire le pays des purs.
Le conflit dégénéra durant l'été 1947, qui a commencé ? Deux thèses en présence:
¤ Les Hindous fanatiques se mirent à massacrer les minorités musulmanes. Celles ci ripostèrent d'une manière aussi sanguinaire.
¤ Les musulmans s'étaient attaqués aux minorités hindoues, déclanchées à Calcutta ces émeutes sanguinaires s'étaient propagées. Les hindous avaient riposté avec une égale sauvagerie.
Devant le spectre d'une guerre civile, les dirigeants du mouvement de libération nationale, Nehru en tête, acceptèrent résignés, la partition, ce qui ne put empêcher qu'un désordre indescriptible s'installe. Le bilan de ces massacres fut lourd, un million de morts, dix millions de réfugies. L'exode et les meurtres portèrent les haines à un tel paroxysme, que deux mois après la déclaration de leur indépendance, éclata le premier conflit armé entre l'Inde et le Pakistan, au sujet du Cachemire, état princier qui avait refusé de choisir entre les frères ennemies, préférant l'indépendance, et que chacun voulait s'annexer.

L'holocauste que le monde venait de vivre, le spectre de la destruction nucléaire qui le menaçait prouvait à Gandhi que seule la non violence pouvait sauver l'humanité.
Pendant la seconde guerre mondiale, il fut isolé au sein du congrès, du fait de son idéal. Ses compagnons étaient de fervents anti-fascistes prêts à engager l'Inde dans la guerre s'ils pouvaient le faire en hommes libres, faisant pression sur Churchill. C'est en 1942, quand l'armée japonaise alliée des nazis, arriva aux portes des Indes, que Churchill promit l'autonomie dans le cadre du Commonwealth, après la défaite japonaise. Gandhi rejeta ce cadeau empoisonné, indiquant que s'il fallait résister aux japonais, la seule arme qui vaille était la non-violence. Pendant ce temps, la ligue musulmane soutenait l'effort de guerre de l'Angleterre. Les Anglais arrêtèrent Gandhi et tous les responsables du congrès, bien décidés à les laisser en prison jusqu'à la fin de la guerre. Ce séjour en prison allait être le dernier pour Gandhi qui y aura passé plus de six ans de sa vie. Il y fit une grève de la faim. Le vingt-deux février 1944 sa femme y rendit son dernier soupir emportée par une bronchite aigue. Gandhi n'avait pas accepté d'aller contre ses principes pour sauver sa vie. Lorsqu'il apprit que la pénécilline que les Anglais avaient fait venir devait être administrée par voie intraveineuse, il refusa aux médecins le droit de toucher se femme.

Churchill vouait à l'empire britannique un attachement passionné, l'Inde y occupait une place incomparable. Il méprisait Gandhi qu'il traitait de fakir à demi nu. Mais, battu aux élections de 1945, le vieux lion ne put empêcher les députés, en cet après midi de février 1947, de voter à une largue majorité la courte déclaration rédigée par Mountbatten, et défendue devant l'assemblée par le premier ministre Clément Attle, l'Inde devait être indépendante au plus tard fin juin 1948. Une Inde unifiée et membre du commonwealth. Au cas où les Musulmans continuent à revendiquer un état séparé, il devait rechercher un compromis, tel était le mandat de Mountbatten.

C'est dans ces conditions que Lord Louis Mountbatten devint le vingt-quatre mars 1947, le vingtième et dernier vice-roi des Indes. Les négociations eurent lieu en avril et mai 1947, il adopta une technique inédite, pas de conférence mais des entretiens en tête à tête avec les trois principaux leader.

¤ Jawaharlal Nehru, 58 ans, personnage d'une stature imposante, était reçue en sa qualité de premier ministre d'une Inde encore sous la tutelle britannique. Les deux hommes s'entendirent sur deux points essentiels: un règlement rapide, et le partage serait une tragédie. Mais Nehru fit comprendre qu'en cas de blocage, il pourrait, et le congrès avec lui, accepter la partition. En révélant ce hiatus, Nehru donnait au vice-roi une indication capitale. En raccompagnant Nehru, dont il appréciait la culture, le sens de l'humour, le raffinement de la pensée, Mountbatten lui déclara :
- Monsieur Nehru je vous prie de ne pas me considérer comme le dernier vice roi des Indes venu mettre fin à l'empire britannique, mais comme le premier vice-roi venu ouvrir la voie pour une Inde nouvelle.

¤ Gandhi, Bien qu'ayant une grande estime et un profond respect l'un pour l'autre, apparemment tout séparait les deux hommes, le riche et athlétique amiral et la frêle silhouette de l'apôtre de la non-violence vivant dans le dénuement. Pour Gandhi il n'était pas question de partager l'Inde, il alla jusqu'à proposer Jinnah et un gouvernement musulman pour l'Inde indépendante.

¤ Mohammed Ali Jinnah 70 ans, ancien membre du congrès et partisan de l'entente Hindous Musulmans, il rompit pour rejoindre la ligue musulmane après les élections de 1937, quand le congrès refusa de partager le maigre pouvoir accordé par les anglais, dans les provinces où existait une minorité musulmane importante. Pourtant il n'y avait pas grand chose de Musulman chez lui, il buvait de l'alcool, mangeait du porc, négligeait de fréquenter la mosquée. Il avait pourtant réussi à rassembler autour de lui la grande majorité des quatre-vingt-dix millions de musulmans indiens, sans parler couramment leur langue, l'urdu. Il aimait le luxe, l'ordre et la discipline. Il voulait créer un pays laïque et resta inflexible. C'était devait conclure Mountbatten, un psychopathe obnubilé par son Pakistan.

Pour satisfaire aux exigences de Jinnah, le Pendjab et le Bengale allait être coupés en deux. Le Pakistan était dès le début condamné à l'absurdité géographique d'un état divisé en deux parties, l'est et l'ouest distant de 1500 km. Le Pendjab qui signifie terre des cinq rivières dont l'Indus, est peuplé de seize millions de musulmans, quinze millions d'Indous, cinq millions de Sikhs. Le Bengale à l'autre extrémité de la péninsule, compte trente-cinq millions d'Hindous et trente millions de Musulmans. Quel que soit le tracé de la partition, il promettait de créer un véritable cauchemar. L'adhésion de Nehru entraîna celle des autres, et Gandhi resta seul avec son rêve brisée. Dans son rapport à Clément Attlee, Mountbatten écrit:
- La partition est une pure folie, et personne n'aurait pu me forcer à l'accepter si l'incroyable démence raciale et religieuse qui s'est emparée de tous ici, n'avait coupé tout autre issue.

Mountbatten réussit à convaincre Churchill d'approuver son plan en lui annonçant que, si l'indépendance était accordée rapidement, l'Inde et le Pakistan demeureraient dans le commonwealth.
Le deux juin 1947, Mountbatten présente son plan aux leaders indien qui l'acceptent. La proclamation officielle de l'indépendance est prévue le quinze août, date fixé par le vice-roi sans avoir consulté les astrologues. Aussi incroyable que cela puisse paraître à nous, français plus ou moins cartésien que nous sommes, il s'agissait la d'une erreur. Dès que la radio annonça la date fatidique, les astrologues de l'Inde entière se mirent au travail, tous prévirent une épouvantable tragédie. L'indépendance sera finalement proclamée le quatorze à minuit, avant même que les frontières ne soient fixés.
Rien de comparable n'avait jamais été tenté dans le monde, le plus grand divorce de l'histoire avait été décidé en quelques mois, et maintenant il s'agissait de réussir la partition. Il fallait tout partager, les chemins de fer, les encriers, les balais, les trombones, l'armée elle même.

Nehru et aussi Gandhi demandèrent à Mountbatten de devenir le premier titulaire de la plus haute fonction de l'Inde indépendante, celle de gouverneur général, c'est à dire le poste honorifique de président.

Le cauchemar de Gandhi était que l'Inde devint une société industrielle dominée par la machine, une société qui aspire les populations rurales pour les enfermer dans d'ignobles taudis urbains. Il fustigeait la pléthore de biens matériels et les excès d'une consommation anarchique, alors que Nehru le socialiste et son lieutenant Patel, fervent adepte du capitalisme, étaient impatients de construire des usines géantes.

Soixante-quinze des principaux maharajas et nawabs étaient réunis pour apprendre de la bouche du vice-roi, le sort que l'histoire leur réservait. Le maharaja de Patiala escorta le vice-roi jusqu'à la tribune d'où il put contempler les visages inquiets de ses collègues. Le vice-roi les exhorta à signer l'acte d'adhésion qui devait intégrer leurs royaumes, soit à l'Inde soit au Pakistan.
- Les pays qui vont naître le quinze août ont besoin de vous.
A l'exception de trois d'entre eux, certains après s'être fait prier, ils signèrent.

Trois cent trente millions de divinités, quatre-vingt-trois pour cent de la population analphabète, quinze langues officielles, une seule commune l'anglais, neuf millions d'enfants de moins de quinze ans mariés ou veufs, tel était ce pays continent où lorsqu'un habitant du sud hochait la tête de haut en bas, il voulait dire oui, et lorsqu'un habitant du nord faisait le même geste, c'était pour dire non.

Mountbatten remet une des deux enveloppes à Nehru, et l'autre à Ali Khan, le premier ministre pakistanais. Elles contiennent la carte de leur pays, les frontières avaient été tracés en attribuant, dans la mesure du possible, à l'Inde les zones à majorité hindous, et au Pakistan celle à majorité musulmane.
Le résultat fut catastrophique, le nord de l'Inde allait sombrer dans une folie meurtrière stupéfiante, à leur naissance l'Inde et le Pakistan étaient deux frères siamois soudés l'un à l'autre par le Pendjab. Rares furent ceux qui eurent la chance de mourir d'une balle, ils étaient battus à mort, lapidés, mutilés, empalés sur des broches et rôtis comme un méchoui. A cela s'ajoutait la convoitise des biens des malheureux. Au Pendjab des bandes de sikhs armés d'énormes kirpan, leurs sabres traditionnels, rôdaient dans les campagnes à l'affût des musulmans fuyant vers le Pakistan. Le prince Balindra Singh, frère du maharaja du Patiala en fut le témoin horrifié. Un jour il ramena au palais un enfant abandonné sur le bord de la route, secouant le bras de sa mère morte, incapable de comprendre pourquoi elle ne le ramassait pas.
Le télégraphe, la poste, le téléphone ne fonctionnaient plus, l'économie était en pleine anarchie, par exemple le Pakistan regorgeait de coton, de jute, de peaux, tandis que les ateliers, les tanneries étaient en Inde et leurs ouvriers au chômage.
Accueillir les réfugiés, éviter les épidémies et la famine tenait de la gageure.
Autre point sensible Calcutta. Gandhi s'y était rendu et, avec ses prières et son rouet, avait réussi à apprivoiser les bidonvilles, mais le magnétisme de sa présence prit fin le trente et un août, le virus de la haine contaminait à nouveau la ville. Gandhi utilisa une fois de plus l'arme de la grève de la faim, au bout de trois jours le calme revint, mais ce fut Delhi qui prit le relais.
Le six septembre Nehru et son ministre de l'intérieur Patel, affolés à l'idée que cette barbarie pourrait se généraliser, se résignèrent à demander l'aide de Mountbatten.
Il prit la tête d'un comité d'urgence et, en un instant retrouva ses réflexes de chef militaire. En une nuit dira un des membres, on était passé de la vitesse d'un char à boeufs à celle d'un avion à réaction.
Petit à petit un calme précaire revint.
En fait c'est dix pour cent de la population indienne qui fut directement concerné par ces massacres.

Edwina Mountbatten se dépensa sans compter pour soulager l'effroyable misère, son sens de l'organisation, son inlassable dévouement, sa profonde compassion, allaient en faire un ange.

Puis ce fut le Cachemire, qui avait choisi l'indépendance, et dont soixante-dix-sept pour cent de la population est musulmane, tout en ayant un souverain hindou, qui prit le relais. Dans la nuit du vingt-quatre octobre des centaines de guerriers des tribus pathanes pakistanaises envahirent le royaume convoité par Jinnah. A sa demande, l'Inde vint au secours du maharaja qui, en remerciement, n'ayant pas d'autre choix, signa son rattachement à l'Inde. Finalement le Cachemire sera partagé sur une ligne de cessez le feu fixée en 1948 par l'ONU.

Gandhi fut assassiné le trente janvier 1948 au cours de sa prière quotidienne en public, par un hindou fanatique membre d'une organisation d'extrême droite. Sa mort devait accomplir ce que sa vie n'avait pu réussir, mettre fin aux massacres.

C'est donc dans la douleur que le 14 août 1947 à minuit, l'Inde s'éveilla à la liberté.
La république fût proclamée le 26 janvier 1950, le système des castes devenant officiellement illégal.
Les premières élections générales eurent lieu en 1952, puis tous les cinq ans. A cette époque aucun parti n'était en mesure de rivaliser avec le congrès, mais une réelle vie démocratique était déjà en place.

Lola fut candidate pour le parti du congrès. Il s'agissait d'élire des députés pour chacun des nouveaux états, Rajasthan, Pendjab etc et des députés pour la chambre basse du parlement national. La blonde maharani du Patiala, bien que n'étant pas candidate, participa à la campagne apportant l'important appui de son mari.
Dans l'Inde profonde des villes et des campagnes du Pendjab, malgré leur pauvreté, les gens font preuve de beaucoup de dignité et ils jouissent d'une grande solidarité au sein de leur groupe, rien à voir avec les mendiants plaintifs des bidonvilles de Delhi, Calcutta ou Bombay. Leur hospitalité rendait agréable la campagne électorale tandis que leurs attentes, leurs espérances et aussi leur naïveté étaient angoissantes. La majorité des indiens étant illettrés ils votent en fonction du symbole de leur parti. Celui du congrès était deux boeufs attelés ensemble pour représenter le rassemblement et l'effort, les communistes avaient la faucille et trois gerbes de blé à la place du marteau, les socialistes un banian.
Les députés de chaque état désignent un premier ministre et un président et votent pour leurs représentants à la chambre haute. Le parlement national désigne le premier ministre et le président. Le pouvoir est détenu par le premier ministre.

En moins d'une décennie, l'Inde et le Pakistan accomplirent l'exploit d'intégrer la majorité des dix millions de réfugiés du tragique été 1947.
Le contrôle des naissances, l'industrialisation, la réforme de l'agriculture font partie des actions à mettre à l'actif du premier ministre Nehru. En politique étrangère il est à l'origine du mouvement des non-alignés. Malgré des avancées réelles, le peuple dans sa masse reste dans la misère.
A sa mort en 1964, Lal Bahadur Shastri lui succède, puis c'est Indira Gandhi en 1966, elle perdra les élections de 1977 au profit du parti Janata, et en 1980 elle revient au pouvoir.
Comme il l'avait annoncé en acceptant son poste de premier gouverneur général, Mountbatten résigna ses fonctions en juin 1948.

Et tous ces maharajas que sont ils devenus ?
Celui du Patiala et sa princesse, jusqu'à la fin, le vice-roi refusera d'accorder à son épouse le titre d'altesse sous prétexte qu'elle n'est pas indienne, Londres s'opposait à une faveur susceptible d'inciter de nombreux maharajas à épouser des étrangères. Ainsi prenait fin une époque qui vit, en 1892, la première voiture débarquant aux Indes, être une De Dion-Bouton française destinée au maharaja du Patiala. A l'indépendance l'une des ses premières décisions a été de fermer le harem et, il signe le rattachement à l'Inde le 5 mai 1948. Jusqu'à sa mort au tout début des années 70, il sera ambassadeur de l'Inde aux Pays-Bas.
Et les autres maharaja ?
Celui de Jaipur représenta lui aussi son pays dans plusieurs capitales européennes, notamment Madrid.
D'autres, fidèles aux vertus guerrières de leur caste, sont devenus de brillants officiers de l'armée indienne. Le maharaja de Kapurthala, petit fils de celui qui fit édifier une réplique du château de Versailles, s'est couvert de gloire pendant la guerre indo-pakistanaise de 1971.
Epousant les moeurs démocratiques de l'Inde indépendante, plusieurs princes tels celui du Cachemire et de Bikaner, et des princesses comme celle de Jaipur et de Gwalior, militent dans des partis politiques. Celui du Cachemire fut ministre de Indira Gandhi. Les princes étaient souvent très populaires et le congrès, mais aussi les autres partis politique leur demandait d'être candidat. Plusieurs comme celui de Jodhpur furent candidat indépendant.
La plupart des petits états dont ils étaient les souverains vont fusionnés, comme ceux de Jaisalmer, Jodhpur, Bikaner et Jaipur pour donner naissance au Rajasthan au sein de l'Inde indépendante, en 1949.
Le palais du maharaja de Jaipur sera le premier d'une longue liste à être transformé en hôtel de luxe, d'autres comme le City Palace deviendront des musées. La majorité de ces rois et roitelets désormais au chômage va se reconvertir dans le commerce et le tourisme.
En 1974, ils perdirent les derniers privilèges qui leur avaient été accordés en 1947 en échange du rattachement pacifique de leurs royaumes.

Dans son livre publié en 2006, la maharani de Jaipur raconte qu'elle est démarchée par le congrès puis par l'opposition pour être candidate. Elle est contre le congrès à cause de la corruption qu'il a engendré. En 1959 c'est la création de Swatantra, ce nouveau parti était contre Nehru et sa politique socialiste notamment au sujet des fermes collectives, contre les socialistes, les communistes, mais aussi contre le parti de droite religieux et orthodoxe du Hindu Jana Sangh, c'était un parti laïc. Les élections de 1962 sont les premières pour le parti Swatantra. La maharani qui avait refusé d'être candidate en 1952 et 1957, se présentent et fait campagne pour ce parti. Elle sera brillamment élue députée d'opposition au parlement national. Quelques années plus tard, le nouveau premier ministre Tel Bahadur Shastri propose à son mari, un poste d'ambassadeur en Espagne. La maharani le suit tout en continuant son travail de parlementaire.
- j'étais devenue une femme active, indépendante, et armée d'une véritable conscience politique, mais être à deux endroits à la fois....
Aux élections anticipée en 1973 convoqués par Indira, elle est réélue.
La guerre du BanglaDesh de 1971 1972, fut l'heure de gloire de Indira, puis les mouvements de protestations et d'oppositions s'amplifièrent et unifièrent l'opposition. Le 24 juin 1975, Indira décrète l'état d'urgence, les raisons données évoquent une grève de désobéissance civile pour le 29 juin. Comme beaucoup d'autres, la maharani est emprisonnée. Elle sera libérée le 11 janvier 1976 après 156 nuits de prison.
L'état d'urgence va durer 19 mois, et le congrès perdra les élections qui suivirent.
Au printemps 1974 quelque part dans le désert du Rajasthan, l'Inde fit exploser sa première bombe atomique.
Les plaines fertiles du Pendjab retrouvèrent les couleurs de leur passé heureux, l'or des champs de blé, la blancheur neigeuse des champs de coton, le vert des plantations de canne à sucre. Sous l'impulsion vigoureuse de sa population sikh, la province mutilée prit la tête de la révolution verte qui permit à l'Inde de réaliser dès 1970, son grand rêve d'une production de céréales capable de subvenir à ses besoins.
Toujours au Pendjab les sikhs demandent l'autonomie. Afin d'apaiser les tensions, Indira soutient Zail Singh, qui, en juillet 1982, devient le premier sikh président du Pendjab. Mais le bouillonnement politique continue, et l'état d'urgence est proclamé. Le deux juin 1984, le temple d'Or d'Amristar, lieu saint de la religion sikh est envahi.
Le 31 octobre Indira sera assassinée par deux de ses gardes sikhs.
A deux reprises en 1965 et 1971, l'Inde et le Pakistan s'affrontèrent sur les champs de bataille.
L'invasion de l'Inde par la Chine en octobre 1962 va provoquer la scission du parti communiste.
A la fin des années 90, le Pakistan, amputé de sa partie orientale depuis la création du Bangladesh en 1971 et qui n'a pas réussi à mettre en place un système démocratique, devient une puissance nucléaire.
En 2001 l'Inde réussit le tir de son premier lanceur de satellites.

Après plusieurs décennies de stagnation, il était évident que l'Inde devait réformé de fond en comble son économie dirigiste et planifiée, c'est ce qu'elle fera à partir de 1991. Les résultats ne se font pas attendre, 5 % de croissance en 1993, entre 6 et 9 % par la suite, les exportations pulvérisent les résultats précédents.
Sur le plan politique le parti du congrès qui a assuré au pays une remarquable stabilité au cours des deux premières décennies est depuis bien discrédité. Le pays n'est plus gouverné que par des alliances hétérogènes et fragiles dominées par des partis régionaux.
Venant de célébrer le 60 ème anniversaire de son indépendance, l'Inde est fière de sa démocratie et de sa croissance économique, mais le pays est loin d'être sorti du sous-développement, et ses infrastructures sont dans un état lamentable. La classe moyenne, en constante évolution compte 350 millions d'individus, tandis que 90 % des travailleurs gagnent moins d'un demi dollar par jour, 46 % des enfants de moins de trois ans souffrent de malnutrition, le taux d'alphabétisation plafonne à 60 %, et 78 % d'entre eux n'ont pas de toilettes. Le géant se traîne à la 126 ème place mondiale sur l'indice de développement humain, alors qu'il est la 11 ème économie de la planète.

L'Inde se rêve en grande puissance, confortée par les prédictions des banques la propulsant au 3 ème rang mondial en 2025, et s'imagine à la première place en 2050.

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deux livres :
- UNE PRINCESSE SE SOUVIENT -
Fille puis épouse de maharajah, puis femme politique courageuse et déterminée,
Gayatri Devi nous propose son regard incisif sur l'Inde des années 20 jusqu'à nos jours.
- CETTE NUIT LA LIBERTE -
de Dominique Lapierre et Larry Collins